Le mardi 18 février, les 3D ont interviewé l’écrivain Valérie Tuong Cuong. Elle venait nous parler de son roman L’atelier des miracles.
Mme Blanchard
Jordan : De quelle origine êtes-vous ?
V T C : Je suis parisienne, française. Mon nom est celui de mon mari. J’ai voulu garder son nom quand j’ai publié car il a beaucoup compté dans ma vie. C’est aussi lui qui m’a poussée à publier. Les gens me l’ont déconseillé car c’est un nom difficile à retenir. Mais pour moi, ça symbolise l’importance de la rencontre, qui est précisément le sujet de mon livre.
Houcine : Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?
V T C : C’est plutôt le métier qui m’a choisie. C’est très difficile de gagner sa vie avec l’écriture, surtout l’écriture de romans.
Un écrivain peut sommeiller en chacun de nous. Les mots vont exprimer ce qui est à l’intérieur de vous, ce que vous n’êtes pas capable d’exprimer oralement. Ecrire rend les choses plus claires.
Léa : nous avons appris que vous avez écrit des scénarios. Pouvez-vous nous dire lesquels ?
V T C : J’ai travaillé pour gagner ma vie sur des séries il y a très longtemps et en ce moment sur La smala s’en mêle qui passe sur France 2.
J’ai également travaillé sur des scénarios de films qui ne sont pas encore à l’écran et j’interviens parfois sur les scénarios des autres pour apporter des corrections.
Nedjmedine : Combien de temps vous a pris l’écriture de ce livre ?
V T C : c’est difficile à dire. On y pense d’abord longtemps. On vit avec les personnages pendant un certain temps et quand on est prêt, on se met à écrire. A partir de ce moment là, ça m’a pris environ un an et demi.
Elyes : Qui est le Eric de la dédicace ?
V T C : C’est mon mari. C’est lui qui m’a sortie du fond. J’étais très pessimiste. J’ai eu une enfance compliquée et dure. A vingt ans j’avais perdu toutes mes illusions sur la vie. Je pensais que c’était foutu. Lui, il m’a aidée à arrêter de penser toujours de la même manière, à changer d’angle. Le talent, tout le monde en a. On est tombé amoureux après.
Aymen : Les histoires du roman sont-elles inspirées de faits réels ?
V T C : Oui et non. Leur histoire est inventée mais je m’inspire de gens que je croise, de gens qui me parlent dans la rue et me confient leurs expériences. Par exemple, le militaire devenu SDF m’a été inspiré par un SDF qui vivait à côté de chez moi avec qui j’ai noué une relation amicale. Il avait quitté l’école jeune car il vivait dans une famille explosée qui le l’a jamais poussé. Par la suite, il a regretté d’avoir quitté l’école si tôt car le fait de ne pas savoir l’empêchait d’être libre. Sans connaissances, on est esclave.
Aujourd’hui, j’ai une très belle vie mais ça n’a pas toujours été comme ça. Ce qui m’a sauvée c’est de rester fidèle à cette idée : avoir des connaissances pour être libre
Aminata : Pourquoi avoir choisi une prof comme personnage ?
V T C : Je connais bien le milieu de l’enseignement et un prof ça me permettait de travailler sur le rapport de pouvoir, le rapport de respect. C’est un problème que tout le monde connaît.
Quand on est prof, c’est souvent qu’on a une vocation, l’envie d’aider les enfants à s’épanouir. Les profs sont là pour vous aider. Apprendre tout seul c’est compliqué. Le prof c’est celui qui va vous apporter la liberté. On oublie beaucoup d’expliquer ça aux enfants.
Sami : Quelle est la morale du livre ?
V T C : La morale de ce roman c’est qu’on est tous l’artisan de son propre miracle. Tout est toujours possible mais il faut faire des rencontres, apprendre à ne pas se juger négativement, respecter l’autre et se respecter soi même.
Taoufiq : Pourquoi ce titre ? Avez-vous hésité avec d’autres ?
V T C : Ce titre, ce n’est pas moi qui l’ai trouvé. Il est formidable. L’atelier, ça ramène à l’artisan. On est l’artisan de son propre miracle.
Widad : Est-ce-que ça a été plus difficile d’écrire une histoire selon trois points de vue différents ?
V T C : C’est plus difficile car il faut être très cohérent dans la structure, dans la chronologie. Ça nécessite plein de petits ajustements techniques. Il faut faire avancer l’histoire générale et celle de chacun. Mais pour l’auteur c’est génial ; et c’est un jeu avec le lecteur. C’est idéal pour le suspense.
Manale : Le livre s’est-il bien vendu ?
V T C : Oui. Entre 35 et 40 000 exemplaires en France et il sort à l’étranger et bientôt en poche.
Badih : Qu’est-ce-que le Prix Baie des Anges ? En avez-vous remporté d’autres ?
V T C : C’est un prix littéraire remis par un jury composé à la fois de gens de l’édition et de simples lecteurs. Il est remis au moment du Festival du livre de Nice.
Ce roman a remporté trois autres prix.
Elyes : Qu’est-ce-qui a motivé votre venue dans notre collège ?
V T C : Je suis venue car c’est enrichissant pour moi, notamment pour mon travail d’écrivain, comme toutes les rencontres. Être face à des élèves, c’est fondamental.
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